LE DENI

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Etymologie

Le déni, c'est

  • refuser une chose à quelqu'un , et même un droit légalement dû. Exemple, le déni de justice
  • nier un fait.

Le déni est donc l'opposé de la reconnaissance.

Les dénis

Le déni gentil ...

Le parent qui rassure qui console part d'un bon sentiment. Il veut réconforter, et ce faisant, il dénie le ressenti de son enfant (“ce n'est rien”, ça va passer“ ..)

Quand l’Être qui a souffert est identifié, toute tentative de l’apaiser revient à un déni de « qui il est, avec ce qu’il a éprouvé ».

Le déni est présent lorsqu'on souhaite aider ou soulager rapidement une personne de son symptôme.

Les phrases comme

  • Ce n'est pas grave
  • Ca va aller
  • Tu n'a pas besoin de  (ressentir ceci ou celà) parce que (le réel ne valide pas la peur)

sont là pour amener l'autre à la raison. Ou plutôt à ma raison.

Le projet de distraire l'autre, de le rassurer relève du déni bienveillant.

Le déni "violent"

Il dénonce, il dénigre “tu n'y arriveras pas”. Il disqualifie celui qui n'agit pas comme moi. Il repose sur la croyance qu'il faut combattre ce qui ne va pas pour que tout aille mieux. Comme pour le déni “gentil”,  Moi (mon ego, ma personnalité) se sent menacé. Il combat ce qui lui procure du déplaisir. Le mal-être de l'autre génère du mal-être chez moi. J'ai besoin de réconfort. Le plus simple est donc de tarir la source de déplaisir de m'apporte l'autre.

Par les mots apaisants que j'adresse à l'autre, par les jugements que je porte sur lui,
c'est moi-même que je cherche à apaiser.

Le Soi (déploiement de la vie) n'a pas besoin du déni. Dans ces moment-là, ce n'est donc pas lui qui s'exprime.

En l'écoutant l'autre, en l'accueillant, je lui permet d'aller vers sa raison.

Au lieu de chercher à rassurer, il sera pertinent de demander

  • Comment est ce souvenir qui fait si peur
  • En quoi il est si important pour la personne de penser encore à des souvenirs douloureux
  • Qu'éprouve la personne qui souffre

Quand on connaîtra ces raisons, il sera possible de valider le choix de la personne.
Que la personne pense ceci ou cela, on peut comprendre qu'elle ait une telle réaction.

La personne se sentira a minima entendue, et donc moins seule.

C'est seulement après qu'il sera peut-être possible de présenter un autre point de vue.

... Effets et origine

Les effets de cette forme de déni peuvent conduire celui qui a vu tout au long de sa vie ses ressentis niés, à les taire désormais. Celui qui est à l'origine du déni cherche bien souvent à se rassurer lui-même, par exemple lorsqu'il affirme que ce n'est rien. Il laisse parler sa propre inquiétude.

Une logique de combat qui a une fonction

Comme tout comportement humain, le déni a sa pertinence. Il relève d'une logique de combat, et non de coopération. Cette logique de combat peut prendre des formes diverses.

  • Contre l'autre, elle sert de protection
  • Contre soi-même en niant ses propres pulsions indésirables

Rôle du déni

Le déni devient alors une protection contre quelque chose jugé gênant ou dangereux.

  • venant de moi:mes propres pensées inacceptables pourraient
    • me faire vivre du rejet de la part d'autrui
    • me renvoyer une image de moi trop douloureuse
  • venant d'autrui

    • je vais refuser un comportement extérieur qui me fait vivre du désagréable

Le déni me permet de m'empêcher d'entendre le point de vue de l'autre, de me protéger de sa possible suprématie. Il sert à préserver mon intégrité. je vais alors refuser à l'autre sa place (dénigrement, rejet, disqualification)

Le déni me permet d'accéder à la “maîtrise de soi”, qui n'est finalement qu'un combat contre soi-même dans lequel je vais nier (refuser de reconnaître, d'accueillir) des parts plus sombres de “qui je suis”. Je vais être jugeant sur certains de mes comportements de je refuse)

Le SOI (= qui on est) a besoin d'amour, pas de défiance.
Le MOI (ego, personnalité, qui on paraît) n'est pas le SOI. Il peut être hypertrophié, par suite d'un manque de SOI.

Le déni, c'est n'être (qu'en partie) alors qu'on aspire à naître, totalement. Exister pleinement (sans déni) me permet d'accueillir l'autre a lieu de le craindre. on est alors “chez nous”

S'aimer n'est pas s'admirer, mais s'ouvrir généreusement à soi, en reconnaissant pleinement son existence, sans déni, dans toutes ses dimensions. S'aimer assez permet de se rencontrer SOI. Je peux alors rencontrer l'autre, le respecter tel qu'il est et valider ce qu'il éprouve. Nous sommes alors dans une logique d'amour et non plus de combat.

Accueillir le SOI, c'est faire de la place pour celle, celui que j'ai à être. Le déni est le signe d'un manque d'accueil de Soi.

Les réponses possibles au déni

Celui qui est vit du déni pourra réagir par

  • la rebuffade, la révolte
  • la soumission
  • l'hyperadaptabilité

Autant dire, un comportement en réaction; rien qui soit réellement authentique.

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Une question de regard

Positif et négatif

On associe généralement “positif” à ce qui est lumineux, désirable, valorisé, et “négatif” à ce qui amène du déplaisir.

Il est possible de voir ces termes autrement.

  • Ce qui est négatif (au sens de négation) viendra nier ce qui est. Nous sommes alors en plein déni.
  • Une attitude positive au contraire reconnaîtra  ce qui est, même si c'est peu agréable.

Ainsi, dire à l'autre “ne t'inquiète pas” est une parole “négative”: elle vient nier le ressenti de l'autre qui a peur. Dans ce cas, une parole positive serait de valider ce que vit l'autre, par le bien de la reformulation (“tu as peur?!”), en montrant à l'autre qu'il a été entendu, et qu'il a un espace pour s'exprimer.

Où tourner son regard? Vers les êtres ou vers les faits?

Les choses, les faits peuvent être jugés, réfutés, refusés, niés.
Les êtres sont par définition inestimables: leur valeur est impossible à estimer.

Porter son attention sur les êtres, c'est regarder quelque chose “indéniable”. Ce que fait, vit ressent cet être porte la marque d'une pertinence à laquelle je peux m'ouvrir. Il n'y a alors plus de place pour le refus, pour le combat, pour le déni. Il devient désormais possible de rencontrer et de valider l'être qui fait ses choix, possiblement différents des nôtres. Cet être, avec sa propre pertinence ne constitue plus une menace pour moi. Je peux sans danger le valider. Une fois reconnu et validé dans sa justesse, il se sentira moins en danger lui-même...

Les êtres sont recevables, inconditionnellement.
Il n'y a pas lieu d'utiliser le déni pour occulter quelque chose de gênant en eux.

 

Exemple: Une personne osant dire
«Je bois (de l’alcool)»

se verra reformuler
«Vous éprouvez fortement le besoin de boire?»

Le ton sera en même temps un constat, une reconnaissance, une affirmation et une légère interrogation. Le ton indiquera clairement que si la réponse à cette interrogation est «oui», l’existence d’une raison pertinente à ce fait de boire est acquise, sans aucune réserve. C’est ainsi que l’écouté se sentira à l’aise pour poursuivre par exemple par
«oui, je ne peux pas m’en passer, je suis vraiment trop mal».

Il sera alors aisé pour l’écoutant de poursuivre par
«Qu’est-ce qui vous fait si mal?»
(Sous entendu, en non verbal, «si mal que boire soit incontournable pour vous»).
Alors qu’on reproche souvent aux alcooliques leur attitude de déni… mais ce déni n’a d’égal que celui de leur entourage à l’égard de leur raison.

 


photo Dominique ROQUES