GENEROSITE

genereux fleurs

Celui qui est généreux donne beaucoup à ceux qui ont besoin. Et de préférence, sans ostentation, et sans attente de retour. Celui qui est généreux a des actions qui sont vues comme généreuses.

Peut-on se décréter soi-même généreux?

La générosité n'est pas une valeur absolue. Elle est une qualité. Elle existe en fonction des critères de celui qui la regarde. Elle est un jugement. (= “démarche intellectuelle par laquelle on se forme une opinion et on l'émet” selon cntrl.fr)

Reprenons la proposition de définition du début.

 

Celui qui est généreux DONNE

On a l'idée de gratuité et d'absence de contrepartie. C'est la base de la générosité. Pour que la générosité existe, aucune notion d'échange ne devrait venir ternir le don.

Si aucune contrepartie n'est identifiable, alors, on pourrait parler de générosité. Sinon, ce serait juste un échange. Voire un échange juste.

 

Celui qui est généreux donne BEAUCOUP

La générosité va de pair avec l'abondance. Cette abondance n'est pas absolue: elle est en adéquation avec l'importance du besoin auquel elle s'adresse, mais aussi avec les moyens du donateur.

Plus l'exercice de la générosité sera proche du besoin, voire légèrement supérieur, et plus le donateur sera considéré  (se considèrera) comme généreux.

  • Abandonner quelqu'un dans le dénuement total est aux antipodes de ce qu'il est convenu d'appeler la générosité.
  • Donner une pièce à un mendiant est-ce de la générosité?  Est-il plus généreux de lui donner un billet? Un repas?

La personne qui reçoit va évaluer la générosité du donateur au regard de ce que le don lui apporte.

  • Donner un stock de couches culottes à un homme sans enfants qui mendie pour manger, est un don important, mais inadapté en regard du besoin de la personne qui ne considèrera pas cet acte comme de la générosité.
  • Donner beaucoup à une personne plus riche que soi est tout aussi incongru. Encore une fois se pose la question du point de vue: qui considère que le don représente “beaucoup”? Le donateur? Celui qui reçoit? Quelqu'un d'autre?
  • Donner à la même personne une partie importante du peu de bien qu'on possède sera considéré, pour un observateur extérieur qui connaît les moyens du donateur, comme un acte de générosité. Cette fois, l'importance du don est évaluée non pas par rapport aux besoins du récipiendaire (qui pourra considérer qu'il reçoit peu), mais par rapport à la fortune du donateur
 

Celui qui est généreux donne A CEUX QUI EN ONT BESOIN

Un donateur peut aussi vouloir donner à toute force, sans lien avec les besoins de la personne qui reçoit. Ici , l'idée de générosité est complètement absente de l'esprit de celui qui reçoit. Pour autant, celui qui donne peut s'imaginer généreux: il donne tant!!. C'est la cas de la maman étouffante qui ne veut que notre bien.

 

On voit que la générosité n'est pas un concept simple.

Elle est considérée comme une vertu. Il est si bon d'être généreux, que ça en deviendrait presque un jugement. On s'aperçoit que la générosité est surtout fonction de celui qui la regarde. Selon qu'on épouse le point de vue de celui qui donne ou de celui qui reçoit, le regard sur le geste change. Et si on se place d'un point de vue extérieur, une autre vision peut exister!

 

ETRE GENEREUX

 genereux donner
 

Qu'en est-il pour celui qui se montre généreux?

POURQUOI

Sait-il bien pourquoi il agit? La générosité est généralement motivée, même si elle apparaît comme évidente. C'est rarement un désintéressement complet qui est à l'origine de l'action. Les intentons qui poussent à faire acte de générosité sont multiples

  • Besoin de reconnaissance, de retour, d'échange implicite (“après tout ce que j'ai fait pour vous…”)
  • Besoin d'être en accord avec ses valeurs (lien, partage, contribution)
  • Obligation, (peur de décevoir ...)
  • Plaisir
  • Amour

Celui qui donne peut aussi vivre de la confiance: “ce que je donne, la Vie, l'Univers .. me le rendra”. L'échange est là, différé et multiplié: je ne sais pas qui va me rendre, ni quand, mais je sais que le retour aura lieu. Ce retour peut être simplement la joie de contribuer à un monde où la générosité occupe plus de place.

l'exigence de pureté

Quand je me vois généreux, quand je suis capable de donner, et quand je vois que certaines motivations sont également présentes à côté de mon geste, est-ce que ça change mon regard sur mon action? Suis-je encore généreux lorsque je donne et que j'attends “normalement” une forme de reconnaissance (de la gratitude, un sourire, un merci, un coup de main plus tard … un quelconque renvoi d'ascenseur)? Suis- je en mesure d'accepter ce désir de retour, ou bien la générosité ne peut-elle être vécue que dans une pureté si absolue du don qu'elle exclut l'idée même d'un échange?

Je ne tranche pas. Pour autant, j'aurais tendance à penser que la perfection n'est pas humaine.

LA JUSTESSE

l'envie

Quand je donne à l'autre ce dont il a envie, ai-je toujours moi-même envie de donner?

Le droit

Est-ce que je me donne le droit de refuser de donner?
Est-il possible pour moi de ne pas accéder à une demande qui ferait tant plaisir? Y a t-il une force qui pourrait me contraindre à aller contre mon gré? Y aurait-il un risque à refuser? Quelque chose à éviter? Ou au contraire quelque chose à donner à voir pour soigner mon image?
Et si je parviens à donner le change, en donnant contre mon gré, puis-je me reconnaître dans le portrait généreux qu'on dresse de moi? L'action suffit-elle, ou bien l'intention doit-elle toujours l'accompagner?

Le manque

Peut-on se montrer généreux si l'on connaît la peur de manquer? Quand on a si peu pour soi-même, donner pourrait sembler impensable!
Certains ont probablement tellement exploré le manque que la peur de manquer n'a plus cours, que le générosité redevient possible, indépendamment des moyens disponibles. La générosité est un état d'esprit qui ne peut pas se mesurer au volume donné. Le coeur, l'intention comptent bien plus.

L'image

Peut-on se montrer généreux si l'on craint de passer pour une “bonne poire”?
On a là clairement un échange: je donne et en retour je suis perçu comme une bonne poire, comme quelqu'un dont on peut profiter. Et moi qui croyais ne rien attendre suite à mon acte généreux, je suis dans l'incapacité d'acueillir ce jugement dévalorisant. Moi qui croyais ne rien attendre, qu'attendais-je en vérité? une validation? une certaine reconnaissance, même discrète?

 

Qu'en est-il pour celui qui reçoit?

genereux glace

Quand je vois celui qui se montre généreux envers moi, je peux être empli de gratitude… ou de gêne selon ma capacité à accepter.

Quand je vois celui qui se montre généreux, me faire du bien en se faisant du bien à lui-même, quel regard vais-je porter sur lui?
je vais peut-être considérer le généreux donateur,  comme moins généreux, moins altruiste. Et pour autant, factuellement, quelle que soit l'intention que je lui prête, je pourrai profiter des bienfaits qu'il m'a apportés. L'un empêche t il l'autre?

Il semblerait que ma proximité affective au donateur soit fonction de la "pureté" de je prête à  son intention.

Au bout du bout, qu'est-ce qui compte pour moi lorsque je bénéficie des largesses d'autrui? De recevoir ce dont j'ai besoin? ou recevoir ce dont j'ai besoin avec les formes dont j'ai besoin? Quelle différence cela fait-il pour moi de recevoir une aide précieuse et “pure” ou précieuse et “motivée”?

Prenons l'exemple du plan Marshall.
“Elaboré par le secrétaire d'État américain George Marshall en 1947, le plan Marshall était un programme d'aide économique et financière qui avait pour but de contribuer à la reconstruction de l'Europe, dévastée par la Seconde Guerre mondiale ” 1).

Le citoyens Français de l'époque, dont le pays est détruit, ne peut qu'être éperdu de reconnaissance devant tant de générosité. De plus, pour lui, il n'est pas question de rendre quoi que ce soit. L'Amérique vient sauver l'Europe!

On sait depuis que le geste de l'Amérique n'était pas dénué d'arrières pensées : “Ce discours s'inscrit dans la politique américaine exprimée à travers la doctrine du président Harry Truman, dont l'objectif est d'aider les États à se protéger du communisme […]
À cette volonté idéologique et politique, il faut ajouter une raison économique : l'Europe représente en effet un marché prometteur ; or, à cause de la raréfaction du dollar, les États européens risquent de ne plus importer et les États-Unis de se trouver face à une crise de surproduction, ne pouvant plus écouler leurs marchandises.” 2)

Chacun jugera avec ses propres critères

  • “Lors du plan Marshall, les américains pensaient d'abord à leurs propres intérêts. S'ils n'avaient pas eu besoin de l'Europe, il sauraient pu la laisser mourir” ou bien
  • “Les américains nous ont sauvé. C'est grâce à eux que l'Europe a pu se reconstruire” ou bien
    • ….
 

Qu'en est-il pour soi?

Pense t-on assez à être généreux avec soi-même? Peut-on avoir pour soi les largesses qu'on est enclin à donner à l'autre?

 genereux soi

En conclusion provisoire

Etre généreux vient aussi nourrir des besoins (être utile, contribution, partage). Lorsque cette stratégie vient rencontrer la satisfaction des besoins de l'autre, nous sommes nourris tous les deux: En donnant, je reçois.

Etrange?

Peut-être pas...


 

 Pour toute information complémentaire, contactez-nous par email à : mham@duck.com

 

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