ELEMENTS THEORIQUES

Voici quelques repères théoriques et de vocabulaire pour mieux appréhender le processus.complet


 

Le ressenti

L'écoute du ressenti est la porte d'entrée et l'outil principal de l'exploration maïeusthésique.

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La situation évoquée aujourd'hui s'accompagne généralement d'une émotion. Il n'y a parfois pas d'émotion. Ce qui est là, c'est justement cette absence. En quoi est-ce mieux de ne rien ressentir?

C'est tout ceci que nous allons accueillir, à qui nous permettre d'exister, non pas pour revivre la situation douloureuse, mais pour offrir à celui, à celle que j'étais au moment des faits un espace d'expression et d'écoute.

Il n'est pas rare que la situation passée qui déclenche mon trouble fasse écho à d'autres situations. Elles ont leur place.

Il n'est pas rare non plus que d'autres personnages entrent en scène. La personne qui vient consulter peut rencontrer des aspects d'elle-même en discussion interne ou des tiers ( des parents, des personnes importantes pour elle). Tout est juste car la personne est la seule à savoir ce qui s'est passé, comment elle l'a vécu.

La maieusthésie va aller rejoindre celui, celle qui a vécu une expérience difficile, non pas tant pour s'intéresser à l'expérience elle même, mais plutôt à la manière dont cette difficulté a été vécue. Le projet est de rendre audible à la personne ce qui jusque là ne pouvait pas l'être.

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L’accompagnement peut se faire à la fois en profondeur et en thérapie courte vers cette réhabilitation (remédiation), ou vers cette individuation (déploiement) et le symptôme disparaît, non parce qu’on l’a vaincu ou qu’on l’a guéri, mais parce qu’il a cessé d’être nécessaire.


 

Psychée

La psychée est souvent opposée au soma. C'est la distinction corps/esprit. Sa véritable frontière n'est pas toujours aisée à définir.

  • On a des troubles psy (psychologue, psychiâtre, psychanalyste, psychothérapeute) où on est empêché d'être
  • Des troubles du corps (généraliste, kiné, ostéo, ophtalmo …) où on est empêché de faire
  • Des troubles qui concernent les deux domaines:
    • Quand le psychisme finit par avoir des répercussions sur le corps ( exemple ulcère à l'estomac qui serait lié à trop de stress; lumbago qui empêche de se rendre à un rendez-vous redouté ou simplement rougissement lié à l'évocation d'une situation émotionnellement chargée ), on parle de troubles psychosomatique. Soigner l'esprit aura une incidence sur les paux du corps.
    • Si au contraire un trouble du corps à des influences émotionnelles ( exemple: une flore intestinale défaillance, des dérèglement hormonaux occasionnant des troubles émotionnels) donneront naissance à des troubles somatopsychique. Soigner le corps aura une incidence sur les maux de l'esprit.

La maieusthésie fait partie des disciplines qui sont dans ce 3° champ. Elle est holistique .. et partielle. elle sera d'un grand secours pour les questions émotionnelles. Une fois le symptôme entendu, il n'aura plus lieu de se manifester. Elle travaille de concert avec les autres praticiens comme l'ostéopathe (dos bloqué) ou le nutritionniste (problème de flore intestinale) et non à leur place.

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De même que le corps va naturellement vers la santé (on cicatrise tout seul; on transpire quand on a chaud etc), de même la psyché va naturellement vers la complétude.

L'être a besoin d'être entier pour exister “pleinement”. La maïeusthésie l'y aide.


 

Etre de soi

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L'arbre qui grandi garde les traces de son histoire. La maïeusthésie considère que celui que je suis au moment où je vis une étape de mon existence a une réalité propre.C'est un être de soi. Il a une existence propre. C'est celui que je vais pouvoir entendre même parfois après de longues années, celui qui appelle ma conscience via le symptôme d'aujourd'hui

Exemple: Celui que j'étais à 2 ans quand je suis tombé dans l'escalier, puis à 8 ans quand un chien m'a mordu, puis à 30 ans quand j'ai vécu une grave déception amoureuse sont autant d'Êtres de soi.

Chacun a vécu un épisode particulier avec une plus ou moins grande intensité. Celui que je suis aujourd'hui est la résultante de tous ces Êtres (niveau intra personnel) et bien souvent d'autres Êtres de mon entourage (inter personnel), voire de ma lignée (inter générationnel). Des relations plus larges encore ne sont pas à exclure. La souffrance que j'entends aujourd'hui est bien souvent la sienne.


 

Symptôme

Le symptôme est un malaise qui motive la consultation

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La psychée, nous l'avons vu, vise à l'unité. Quand un traumatisme trop violent est vécu, elle se clive. Elle place momentanément la partie souffrante en attente. Quand elle sera prête, quand elle aura assez de ressources, elle va s'occuper de ces Êtres en attente de réhabilitation. Cela peut se faire longtemps après l'événement initial. Pour ne pas perdre de vue ce projet, pour continuer à se rappeler de celui que j'étais alors et qui n'a jamais été entendu, un symptôme va se mettre en place, non pas "à cause de" ce qui s'est passé, mais au contraire "spécialement pour" aller traiter cette question en attente.

Exemple: Je vais développer un malaise inexpliqué vis à vis des escaliers. Je ne vais être bien qu'en rez de chaussée, dans des maisons de plain pied. La raison raisonnante ne sera pas capable de retrouver le lien qui est bien caché. Elle jugera même cette pulsion ridicule.

Le symptôme est un processus pertinent mis en place par la psyché pour lui permettre de conserver un équilibre suffisant, voire d’aller vers un retour à l’intégrité, ou même d’accomplir un déploiement,. L'écoute du ressenti (phobie des escaliers) va permettre à cet Être de soi qui attend depuis des années, de dire son désarroi lors de cette chute dans l'escalier. Et mon malaise n'aura plus de raison d'être.

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Le symptôme: signe d'alerte et mémorial

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Tout symptôme a une (bonne) raison d'être, qu'il convient d'écouter, de reconnaître. Il est le signe qu'une difficulté vécue n'a pu être intégrée à l'expérience. Il est là pour m'alerter, pour ne pas oublier qu'un vécu de douloureux est enfoui quelque part: il y a là quelque chose à écouter, à accueillir et non pas à soigner ou à éliminer.

Ce qui est à écouter est ancien ou récent, peu importe: c'est suffisamment important pour qu'une sonnette d'alarme soit déclenchée aujourd'hui.

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La disparition du symptôme ne doit pas être son projet, même si au final c’est ce qui se passe, et doit se passer. La question est de savoir comment y aboutir sans pour autant le rechercher.

Souvent le symptôme ne se produit pas « à cause » d’un trauma antérieur, mais « spécialement pour » que

  • celui que fut un jour le patient (celui qui a vécu le trauma) ne soit pas oublié par sa conscience (remédiation, complétude),
  • il puisse devenir qui il a à être (individuation, déploiement)

…et le plus souvent un peu des deux.

Combattre ce symptôme entraverait cette quête inconsciente du sujet qu’est le patient, et serait contreproductif.


 

Le clivage

Pour préserver son intégrité, la psychée se clive, c'est à dire qu'elle met à l'abri l'Etre qui a souffert, afin de pouvoir continuer à vivre.

clivage
Elle ne l'oublie pas. il est en attente. Au cours de la vie, la psychée multiplie les "commémorations" du traumatisme clivant, afin de ne jamais l'oublier (cf les conduites répétitives). Lorsque c'est pertinent, un symptôme apparait, comme une sonnerie de téléphone. “Y a t-il quelqu'un pour m'écouter?”. L'objet de la Vie est de procéder à la réunification de toutes ces parties qui appellent, de tous ces Etres de Soi momentanément mis à l'écart

Le symptôme est le moyen par lequel cet Etre appelle la conscience afin de pouvoir accomplir la remédiation ou l'individuation nécessaires.

Lorsque les ressources le permettent, il est possible d'aller voir ce qui a été vécu, ressenti à l'époque, en écoutant le symptôme. La maïeusthésie est un accompagnement sur ce chemin.

Le travail du praticien sera d'aider à différencier cequi est souvent emmêlé

  • la situation vécue par le patient (les événements)
  • Le choc éprouvé (les émotions)
  • Le sujet qu'il était à l'époque (niveau existentiel)

(Ici, le praticien sera proche du sujet pour lui permettre de visiter la zone sensible en toute sécurité).

Si la situation fait intervenir des choses horribles, le rôle du praticien est d'accueillir tout l'horrible de la situation. C'est bien ce passé ressenti qui est horrible, et en aucun cas la personne qui a perpétré les actes douloureux, que ce soit le patient ou un tiers)

Clivage et anesthésie

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Imaginons qu'à l'âge de 2 ans, je tombe dans l'escalier. Imaginons également que je m'en sorte sans grande conséquence physique. L'enfant que j'étais peut avoir vécu cette expérience de multiples manières. J'en choisis 2

  • L'enfant se fait gronder: on lui avait bien dit de ne pas aller jouer dans l'escalier
  • L'enfant est réconforté: on lui explique que ce n'est pas grave . Un bisou magique et il peut revenir jouer.

Les conséquences ne seront peut-être pas les mêmes. Pour autant, dans les deux cas, l'enfant n'a pas pu dire ce qu'il a vécu.

Dans le premier cas (il se fait gronder) la peur de la chute, la douleur de l'accident et le fait de se faire gronder seront peut-être plus que ce qu'il est à ce moment là en mesure de gérer. La psychée va se cliver, se couper de cet être de soi, de cette surcharge émotionnelle trop lourde à porter. On verra plus tard. Pour l'heure, il faut vivre!

 

gronder

 

Dans le second, je peux imaginer qu'il peut y avoir de la confusion: quand j'ai peur et mal et ce n'est pas grave. Je vais peut-être éviter les situations qui risquent de faire peur ou mal; je vais renoncer à m'écoute si j'ai peur ou mal; je vais perdre la confiance dans mes ressentis que je n'oserai pas exprimer. J'aurai du mal à revendiquer une place.


 

La remédiation et l'individuation

Dans les deux cas, un jour, il faudra aller écouter cet enfant, cet être de soi qui ne s'est jamais dit pour permettre à celui que je suis de vivre pleinement.

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Dans le premier cas (phobie des escaliers) il y aura un travail de remédiation. L'être de soi qui est tombé, qui a eu mal ET qui s'est fait gronder est clivé, mis en garderie pour être reconnu au moment opportun. Le symptôme (difficultés des les escaliers) va me rappeler sn existence, jusqu'à ce que j'en prenne soin et que je le réintègre.

Il peut ne pas y avoir de clivage (séparation d'avec un Etre de soi suite à un traumatisme) mais simplement d'un déploiement non accompli.Le sujet n'ose pas devenir celui qu'il a à être. (2° cas: j'ai mal ET ce n'est pas grave). Il ne s'agit plus alors de remédiation mais d'individuation.

ll est probable qu'au cours de ce travail, j'aille rencontrer aussi l'être qu'était le parent qui m'a grondé ou qui n'a pas entendu ma souffrance afin de me permettre d'entrer en contact avec la pertinence de sa réaction.

Le praticien doit alors être un partenaire fiable pour ce qui appelle chez le patient. Dans cette perspective, AUCUN élément de la psychée (l'individu, les êtres concerné, qu'ils soient transpersonnels ou transgénérationnels) ne doit courir le risque d'être jugé, affecté, rejeté. l'objet du travail est d'aller vers un "plus" (de complétude, d'accueil …) qui ne peut s'opérer au détriment de qui que ce soit.

Etre proche de celui qui appelle la conscience du patient à travers le symptôme est essentiel pour le praticien. Cette proximité permet au patient lui-même de s'approcher à son tour. Elle permet l'apaisement qui est produit par la reconnaissance (et non par la volonté d'apaiser)

Les symptômes ne disparaissent pas parce qu'ils sont vaincus ou parce qu'on est guéri, mais bien parce que leur message ayant été entendu, ils cessent d'être nécessaires.


 

La pertinence

Le travail maïeusthésique consiste à redonner de l'espace et de l'existence à ce qui a été enfoui et qui demande aujourd'hui à être entendu.

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Son approche pose que tout est pertinent (ferions-nous des choses insensées?). Il y a une pertinence à tout ce que je fais, à tout ce que fait l'autre. Forte de cette boussole, la personne peut aller explorer ses ressentis, accueillir les personnes qui s'invitent dans son théâtre intérieur et dissociant la personne des faits possiblement terribles auxquels elle est associée.

La personne est alors en mesure d'examiner la situation, de prendre en compte l'étendue de la souffrance vécue tout en gardant un lien pacifié avec la personne qui les a provoquées car elle peut percevoir la pertinence de l'intention.

Par exemple, je peux avoir souffert d'une éducation excessivement autoritaire (ou laxiste). Je peux naturellement en vouloir à mes parents d'avoir été aussi incompétents. Dans ce cas, je me place face à un dilemme insoluble

  • M'en vouloir de continuer à subir les effets néfastes de cette éducation. Ce faisant, je préserve l'image de mes parents en me conformant à l'éducation reçue
  • M'opposer à cette éducation en affirmant mon positionnement, au risque de dévaloriser en moi l'image de mes parents, qui sont mes racines, mes repères

La maïeusthésie propose une autre approche: rechercher la pertinence pour mes parents de m'imposer cette éducation. Lorsque je l'ai trouvée, je comprends leurs choix (ils étaient sûrs que c'était bien pour moi / Ils étaient empêtrés dans leurs propres histoires ). Je réhabilite leur image (c'était des parents qui voulaient mon bien / qui ne pouvaient pas faire autrement).

Je peux alors reconnaître la valeur de leur intention et pour autant avoir un positionnement, un jugement personnel vis a vis de leur action. Pour mes parents, cette forme d'éducation était le meilleur moyen de m'aider à m'accomplir dans la vie. Je souhaite m'accomplir dans la vie. Nous poursuivons le même but: la contradiction est résolue!

Je deviens libre de mes choix, sans renier mes racines.